C’est comme si on en arrivait à davantage penser notre vie qu’à la vivre.
On pense que ça, ce serait bien pour soi. On pense que ça, ce serait l’idéal. On pense que si on va là, on va réussir. On pense que si…
Mais la vie, ce n’est pas une pensée.
C’est comme si on vivait par projection de quelque chose qui n’est pas réel.
On projette une image, puis on devient attaché à une image qu’on croit être l’image qui nous correspondrait le mieux, plutôt que de simplement vivre la vie à partir de ce qui est là, à l’instant.
J’ai beaucoup observé ça dans mon environnement, dans ce qu’on vit, dans ce confinement : comment plusieurs personnes se sont tellement identifiées à ce qu’elles font plutôt qu’à ce qu’elles sont que, tout à coup, se retrouver comme ça, à faire moins – pas ne rien faire, mais moins faire – ça joue sur l’estime personnelle.
Comme si notre estime personnelle était dans ça (ce que l’on fait) plutôt que simplement dans la vie qui se vit. Comme si la vie, c’était un modèle extérieur qui avait à performer, à se réaliser, à laisser sa trace et que, si on ne fait rien de particulier d’autre que de vivre notre vie, tout simplement, cela n’avait pas de valeur.
C’est intéressant, valeur. C’est beaucoup remis en question, tout notre système de valeurs.
On a basé notre système de valeurs à partir de quoi ? À partir de qui ?
C’est comme si on était (quelqu’un) en fonction de ça (ce que l’on fait).
Comme si notre existence, c’était à travers ce qu’il se passe. Quelqu’un disait tout à l’heure « Je vis à travers le regard de l’autre. Quand il n’y a plus l’autre, j’ai l’impression de ne plus vivre. »
Ce n’est pas le personnage qui fait qu’on est vivant !
C’est la vie qui se vit et qui s’expérimente dans l’expérience.
Silence
Je regarde l’arbre en face, il y a des feuilles complètement sorties, il y en a qui sont encore des bourgeons, d’autres qui émergent un peu. Chacun a son rythme. Il n’y a pas de comparaison dans le rythme « Toi, tes feuilles sont sorties avant les miennes. » Elles vont sûrement tomber avant aussi !
Il y avait un arbre. J’étais certaine, je me disais « Bon, il est mort. » Finalement, hier matin il y avait plein de bourgeons et des petites feuilles qui arrivaient.
Et là, je me dis « Tiens, il n’est pas mort finalement. »
Quand il n’y a pas système de comparaison, de bien ou de mal, il y a juste le rythme de tout Ça qui est là. Pourquoi ce serait différent pour nous ?
Silence
Des fois, on se qualifie de plus intelligent parce qu’on a un cerveau, puis « nous on réfléchit, on pense, on est des êtres évolués » mais quand je regarde la nature faire d’elle-même, je me dis « Waouh. Vive la nature. Que je sois comme cet arbre… ou ces fleurs qui vont juste tendre vers le Soleil. »
Les fleurs font toujours ça, elles vont vers le Soleil, puis elles s’épanouissent là, au Soleil, parce que c’est leur fonction, parce que c’est comme ça : on s’épanouit à la lumière. Alors, si nous aussi on suivait le Soleil, comme les fleurs…
Quand le géranium est complètement orienté vers le Soleil et que je ne vois plus les fleurs parce qu’elles sont toutes parties du côté de la fenêtre, je tourne le géranium et j’ai toutes les fleurs vers moi. Puis, quelques jours plus tard, les fleurs sont retournées vers le Soleil... parce qu’il cherche la lumière et le Soleil.
Silence
Dans cette simplicité de la vie,
c’est imiter des mouvements tout simples,
comme ça, du vivant…
S’offrir à la lumière,
laisser la lumière faire ce qu’elle a à faire…
Au Soleil, au vivant qui est là,
Et faire confiance…
que Ça va porter des fruits que Ça a à porter.
Si je suis un cerisier, je fais faire des cerises.
Si je suis un pêcher, je vais faire des pêches.
Et si je suis un pommier, je vais faire des pommes.
Il n’y en pas un qui soit mieux que l’autre.
On peut avoir des préférences sur le goût des fruits
mais tous ces fruits là existent.
Et quand je suis une orange
je ne vais pas essayer d’être une banane
Parce que je suis une orange
Si j’essaye d’être une banane tout le temps
je ne serai pas moi-même
et je ne serai pas dans l’essence
de Qui je suis véritablement.
Silence
Quand on prend le temps de se déposer Ici, dans l’instant, juste dans l’Instant, de goûter ce qu’on goûte, quand on revient Ici-Maintenant, dans cette SEULE réalité qui soit, je vois bien que je n’ai à m’inquiéter de rien…
Et je laisse ce Vivant prendre la place, je m’enlève du chemin pour vraiment laisser l’essence même de Qui je suis se manifester.
Et ça, c’est extraordinaire.
On voit qu’il n’y a pas de vie à gagner mais qu’on se laisse gagner par ce Vivant qui nous vit et qu’on peut faire confiance à Ça… ÇA sait quoi faire.
Silence
Extraits de la vidéo : Penser sa vie ou VIVRE sa vie ?
Transcrite avec Amour par Dominique Lahaut
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